
L’Europe cherche son champion IAM, Memority lève 13 M€ pour s’imposer
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Alors que la gestion des identités numériques devient un enjeu central de la cybersécurité, des acteurs européens comme Memority tentent de s’imposer sur un marché dominé par les solutions américaines. Avec une levée de fonds de 13 millions d’euros, la startup parisienne ambitionne d’apporter une réponse souveraine aux besoins croissants en Identity and Access Management (IAM).
Un marché en transition rapide
L’essor des services cloud, la généralisation du travail hybride et la multiplication des objets connectés ont profondément modifié les exigences en matière de sécurité numérique. Pour les entreprises, il ne s’agit plus uniquement de protéger les infrastructures, mais de garantir que chaque individu, application ou machine accède uniquement aux ressources qui lui sont destinées.
D’après Gartner, 80 % des entreprises devraient recourir à des solutions Identity-as-a-Service (IDaaS) d’ici 2027. Un basculement déjà amorcé, alors que les cyberattaques impliquant des identifiants compromis ne cessent d’augmenter. Juniper Research estime que 85 % des incidents de sécurité impliquent une faille d’identité. En France, l’ANSSI a enregistré une hausse de 37 % des cyberattaques en 2022.
Dans ce contexte, l’IAM n’est plus un sujet réservé aux RSSI, il touche directement la conformité, l’expérience utilisateur, la gouvernance des données et les processus métiers.
Memority, une ambition européenne
C’est dans ce cadre que s’inscrit Memority, fondée par Gilles Castéran, Francis Grégoire, Alexis de Calan et Phouric Ung. Leur objectif est de proposer une plateforme SaaS unifiée, baptisée Identity Factory, capable de gérer les identités de bout en bout pour les collaborateurs, partenaires, clients et objets connectés.
La plateforme combine plusieurs briques fonctionnelles, IDaaS, IGA (Identity Governance & Administration), CIAM (Customer IAM), SSO (Single Sign-On), MFA (Multi-Factor Authentication) et fédération d’identités. Elle vise à centraliser la gestion des droits d’accès, raccourcir les délais de déploiement des projets IAM, et réduire le coût total de possession pour les entreprises.
« Dans un contexte de digitalisation accélérée, d’autonomie technologique et de recherche de performance opérationnelle, nous construisons un champion européen de l’IAM », indique Gilles Castéran, CEO de Memority. Selon lui, l’enjeu dépasse la simple efficacité technique : il s’agit aussi de « répondre aux besoins spécifiques des entreprises européennes avec une solution construite sur leurs standards réglementaires et opérationnels ».
Une consolidation en cours du marché IAM
Memority s’inscrit dans une dynamique de structuration plus large de l’écosystème européen de la cybersécurité. Le fonds Brienne de Tikehau Capital, dédié à ce secteur, mène le tour de table, illustrant l’appétit croissant des investisseurs pour des solutions stratégiques et résilientes.
Face à elle, Memority devra toutefois composer avec des concurrents bien établis. Okta, leader mondial du secteur, revendique plusieurs milliers de clients et une forte capacité d’intégration avec les outils cloud. Ping Identity, racheté par le fonds Thoma Bravo, cible les grandes entreprises et se concentre sur les architectures Zero Trust.
Côté européen, Wallix, spécialiste de la gestion des accès à privilèges, a également renforcé son positionnement, notamment dans le secteur public. Unissey, sur un registre complémentaire, développe des technologies de reconnaissance biométrique pour l’authentification.
De son coté, Memority mise sur une approche modulaire et cloud-native, capable de s’adapter à différents cas d’usage métier tout en garantissant une souveraineté des données conforme au RGPD et aux exigences de NIS2.