
Le modèle Masayoshi Son, un all in stratégique sur OpenAI
📩 Pour nous contacter: redaction@frenchweb.fr
Vision Fund 2 affiche plus de 22 milliards de dollars de pertes cumulées, soit près d’un tiers du capital investi depuis 2019, et pourtant, l’action SoftBank a atteint un plus-haut historique de 14 825 yens, valorisant le groupe 146 milliards de dollars.
La raison tient en un nom : OpenAI et Masayoshi Son, fidèle à sa stratégie de coups spectaculaires, concentre désormais ses espoirs sur un pari unique susceptible d’effacer des années de pertes.
À l’origine, Vision Fund 2 devait être un exemple de diversification. Mais faute d’investisseurs externes, Masayoshi Son est monté à 17,25 % du fonds, financé en partie par un nantissement de neuf millions de ses propres actions SoftBank. Le fonds a investi dans 280 entreprises, dans un contexte de post-mortem WeWork où la promesse était d’éviter toute concentration excessive.
Cette ligne directrice est aujourd’hui rompue, SoftBank ayant déjà injecté 9,7 milliards de dollars dans OpenAI et prévoit 22,5 milliards supplémentaires d’ici fin 2025, à une valorisation pré money de 260 milliards de dollars. En cas de concrétisation, Vision Fund 2 pourrait détenir jusqu’à 12 % du capital d’OpenAI, représentant 34 % de ses actifs.
Cette montée en puissance repose sur une ingénierie financière où SoftBank emprunte aux banques japonaises, puis prête à Vision Fund 2, qui a lui-même contracté des financements auprès du prêteur privé Apollo, qui bénéficie d’un droit de priorité de remboursement. Ce montage accroît l’effet de levier, et donc l’ampleur potentielle des gains… mais aussi des pertes.
Autre point de questionnement, l’investissement futur sera-t-il logé dans Vision Fund 2, dont Masayoshi Son, est actionnaire direct, ou sur le bilan de SoftBank, au bénéfice de l’ensemble des actionnaires ?
Si la valorisation d’OpenAI atteint 500 milliards de dollars comme anticipé dans la vente de parts aux employés, Vision Fund 2 pourrait réduire de moitié ses pertes et redonner à Masayoshi Son une marge de manœuvre stratégique. À l’inverse, un retournement du marché de l’IA ou un choc réglementaire pourrait anéantir ce pari, avec des répercussions directes sur la maison-mère et sur son exposition personnelle. C’est l’essence même du modèle qu’il applique depuis quatre décennies : un méga-investissement pour renverser la table, quitte à transformer le coup de maître en roulette russe.