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[Made in Switzerland] La « SwissTech »: une marque en roadshow

Par Raphaël Grieco, correspondant FrenchWeb

La scène tech internationale a changé sa perception de la Tech en Suisse. C’est la corrélation de deux facteurs qui force ce constat.

Bien qu’il y ait d’une part encore peu d’exits, on estime que sur 2019 les investissements dans les startups suisses s’élèveront à plus d’un milliard et demi de francs suisses (environ 1,4 milliard d’euro), ce qui correspond à un taux de croissance de près de 30% par année depuis six ans, nous explique Nicolas Bürer, Business Angel of the Year en Suisse en 2018 et Managing Director chez digitalswitzerland (digitalswitzerland.com).

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Par ailleurs, à l’instar de digitalswitzerland qui est une initiative conjointe de l’industrie, des pouvoirs publics et de la science ayant pour but de faire de la Suisse un leader mondial en matière d’innovation numérique, de nombreux efforts de communication et de visibilité internationale émergent et structurent l’écosystème suisse. Le programme SwissTech participe annuellement aux 7 à 8 principales events tech dans le monde, comme VivaTech, Slush ou encore le CES, pour montrer, promouvoir et commercialiser la technologie « Made in Switzerland » d’une manière coordonnée, ajoute Nicolas Bürer.

Lors de cette 54e édition du CES 2020 de Las Vegas, trente startups ont constitué la délégation suisse au sein du programme SwissTech. Entretien croisé (traduit de l’anglais) avec trois d’entre elles: DeepCode, CREAL et Vay.

Raphael Grieco : Bonjour à tous, pour commencer, pourriez-vous nous expliquer ce que vous faites et en quoi votre solution est différente? Boris, veux-tu commencer?

Boris Paskalev, CEO & co-founder de DeepCode (deepcode.com): DeepCode est la plateforme d’IA de nouvelle génération pour les développeurs de softwares. Avec notre premier service «AI Code Review», nous aidons les développeurs à identifier les bugs avant qu’ils ne se produisent afin d’aider les développeurs à réaliser leur véritable potentiel de codage pour créer des produits de qualité et plus rapidement. DeepCode puise essentiellement de manière crowdsourcé chaque correctif fait ou commit parmi toute la communauté des développeurs pour donner la meilleure révision de code, en temps réel, à chaque fois, permettant d’assurer de développer le meilleur produit possible.

RG : La vulnérabilité et la sécurité du code sont devenues une priorité. Comment décrirais-tu justement l’opportunité de marché de DeepCode liée à la création de codes sécurisés?

BP (DeepCode) : Bien que la sécurité ne soit qu’une fraction des catégories de suggestions que nous surveillons, l’analyse sémantique contextuelle du code de DeepCode nous permet de surveiller en permanence les différentes catégories de problèmes, quelle que soit la façon dont elles sont mises en œuvre, il s’agit d’un nouveau modèle qui dépasse de loin le très rigide système plutôt « noisy » basé sur des règles.

L’opportunité ici est de permettre aux développeurs de détecter non seulement un large éventail de vulnérabilités de sécurité, mais aussi de ne pas perdre de temps avec les « False Positives », de leur offrir cette détection le plus tôt possible dans le cycle du développement et en temps réel. DeepCode peut expliquer sémantiquement le problème et fournir des exemples provenant d’autres développeurs ayant résolu des problèmes similaires dans un cadre totalement différent.

DeepCode
Crédit: DeepCode.

RG : Vous avez récemment levé 4 millions de CHF (3,7 millions d’euro) auprès de VC suisses et allemands. Quelle est la prochaine étape que vous souhaitez atteindre?

BP (DeepCode) : Nous travaillons actuellement sur la suppression des obstacles empêchant les développeurs de commencer à utiliser notre technologie DeepCode. Il ne fait aucun doute qu’au cours des deux prochaines années, chaque développeur devra utiliser au moins un de nos services: il s’agit désormais de s’assurer que les développeurs du monde entier connaissent DeepCode et découvrent comment ils peuvent commencer à profiter facilement des suggestions et de la protection précieuses que nous offrons déjà. Du côté de la Deep Tech, nous continuons à élargir notre plateforme et ses capacités qui semblent sans limite !

Au cours du dernier trimestre, nous avons 3x la gamme des capacités de détection par rapport au trimestre précédent et augmenté encore le niveau de précision bien au-delà de 80%. En outre, nous avons amélioré l’expressibilité et l’explicabilité des problèmes de code et avons commencé la création de 2 nouveaux services assez révolutionnaires pour les développeurs, que nous dévoilerons courant 2020.

RG: Boris, pourrais-tu partager une tendance contre-intuitive ou un insight spécifique que tu as observé chez DeepCode?

BP (DeepCode) : J’ai une mentalité logique, d’ingénieur et je reste étonné de voir combien de personnes ont encore peur ou ne comprennent pas les avantages de l’exploitation, de l’utilisation et de l’apprentissage à partir des connaissances de cette communauté mondiale de développeurs. Historiquement, toutes ces connaissances étaient stockées dans des livres et par le biais de systèmes éducatifs transférés de génération en génération; aujourd’hui, cette connaissance peut être à portée de main pour nous être livrée exactement au moment où nous en avons besoin. Une telle transmission des connaissances accumulées par l’humanité est actuellement le mode le plus optimal d’apprentissage et d’accélération de la croissance.

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RG : Tomas, peux-tu nous expliquer ce que tu fais et en quoi ta solution, CREAL, est différente ?

Tomas Sluka, CEO & co-founder de CREAL (CREAL.com): L’appareil d’aujourd’hui de réalité virtuelle et de réalité augmentée (VR / AR) présente un défaut majeur: il utilise généralement deux images à écran plat pour créer une illusion stéréoscopique d’une profondeur d’image tout en ignorant le besoin naturel de nos yeux de se concentrer également sur la bonne distance. Ce conflit est l’une des causes profondes de fatigue oculaire importante et de nausées causées par ces appareils. CREAL développe une technologie d’affichage «light-field» pour résoudre ce problème. L’affichage «light-field» de CREAL projette des images hologrammes véritablement tridimensionnelles avec une résolution proche de la rétine. Chaque œil peut changer naturellement de focus entre les objets virtuels de l’image, comme il le ferait dans le monde réel. La technologie améliorera considérablement l’expérience utilisateur et l’attractivité de la prochaine génération de casques VR et AR.

Credit: CREAL.

RG: Tomas, on est tenté de dire que nous n’avons pas encore vu de grandes applications et des déploiements larges d’expériences 3D pour les consommateurs malgré tous les cas d’utilisation évidents. Comment décrirais-tu l’opportunité de marché pour CREAL de construire cette solution de réalité mixte «light-field»? En d’autres termes, pourquoi maintenant?

TS (CREAL): Comme tu le dis, "malgré les cas d’utilisation évidents", nous utiliserions déjà des lunettes intelligentes qui fusionneraient le monde numérique dans le vrai tous les jours pour tout, de la cuisine à la neurochirurgie si la technologie était prête. Toute la civilisation dépend des technologies de l’information ou est même définie par elle. Mais la technologie n’est pas encore prête aujourd’hui. L’un des problèmes non résolus est l’image plate non naturelle, qui rend particulièrement impossible la visualisation proche, pendant une longue période, d’objets virtuels. Nous résolvons ce problème. L’image naturelle que nous créons est un ingrédient nécessaire pour la réussite de l’industrie VR / AR. Mais pas nécessairement suffisant.

RG: Vous avez récemment levé plus de 7 millions de CHF (6,5 millions d’euro) avec CREAL auprès de VC suisses et d’investisseurs privés. Quelle est la prochaine étape que vous souhaitez atteindre?

TS (CREAL): L’investissement est consacré à la miniaturisation du hardware pour le grand public d’ici un an et demi.

RG: Tomas, pourrais-tu partager une tendance contre-intuitive ou un insight spécifique que tu as observé chez CREAL?

TS (CREAL): Ce n’est peut-être pas contre-intuitif, mais une leçon que nous avons apprise. Il existe des milliers de startups à travers le monde, en particulier aux États-Unis, qui promettent des miracles aux investisseurs, à l’industrie, aux clients et au public chaque jour alors qu’ils n’ont peut-être pas grand-chose en main. Il n’est donc pas si simple de convaincre un public que nous avons une solution vraiment unique à un problème critique. Il faut beaucoup d’efforts et de temps pour sortir de la foule.

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RG : Salut Caspar, peux-tu nous expliquer ce que tu fais et en quoi ta solution, Vay, est différente?

Caspar Leuzinger, CMO & co-founder de Vay (vay-sports.com): VAY développe des algorithmes de computer vision qui comprennent le mouvement humain. Nos algorithmes sont suffisamment rapides et légers pour fonctionner sur pratiquement n’importe quel appareil équipé d’un appareil photo, permettant d’utiliser notre solution dans une zone très large où la position correcte est cruciale. La physiothérapie et le yoga sont de bons exemples ainsi que toute activité avec une pression physique et un engagement importants pour le corps. Notre produit phare est le VAY Fitness Coach: une application mobile de fitness qui comprend vos mouvements et vous donne des commentaires en temps réel -tout comme un véritable coach personnel.

VAY
Crédit: Vay.

RG : Le développement personnel, à travers le sport, la méditation, la nourriture est en plein essor, répondant au besoin de trouver une expérience pratique, personnalisée et immersive. Comment décrirais-tu l’opportunité du marché pour Vay de construire une solution personnalisé de coaching fitness, en d’autres termes pourquoi maintenant?

CL (Vay): Notre produit phare -le VAY Fitness Coach- exploite un marché où la feedback loop a été négligée. Les commentaires fournis par les applications de fitness traditionnelles sont inefficaces et laissent l’utilisateur dans le flou total s’agissant de l’exécution des exercices. Nous nous soucions plus que jamais de notre santé. Il y a une tendance de plus en plus prenante pour plus de conscience de notre environnement mais aussi et surtout du corps. C’est pourquoi les gens veulent faire les bons exercices qui leur conviennent et souhaitent autant que possible profiter de conseils professionnels pendant ces exercices physiques. De plus, les gens veulent s’entraîner à la maison à leur convenance. Nous fournissons des conseils professionnels à tout moment et en tout lieu.

RG: Quelle est la prochaine étape que vous souhaitez atteindre chez Vay?

CL (Vay): Après avoir lancé notre produit phare avec succès en décembre 2019, nous nous penchons sur d’autres secteurs où notre technologie peut avoir un impact important tout en continuant à améliorer l’application VAY Fitness Coach, l’application de fitness incontournable pour les personnes qui souhaitent s’entraîner avec des conseils professionnels à un prix très bas.

RG: Caspar, pourrais-tu partager une tendance contre-intuitive ou un insight spécifique que tu as observé chez Vay?

CL (Vay): Nous avons observé que les gens étaient davantage enclins à croire les commentaires provenant de l’application VAY Fitness Coach plus que les commentaires qu’un inconnu leur ferait dans la salle de fitness. Alors même que ces commentaires provenant du mobile sont moins précis. Cela nous a montré qu’une app de fitness comme la nôtre est perçue par les utilisateurs comme un outil qui fournit des vrais commentaires de pro. Nous comprenons que nous avons la responsabilité de créer une solution fiable qui aide nos utilisateurs à faire leurs exercices correctement. C’est notre responsabilité et en plus notre mission.

 

RG : Tomas, Boris, Casper, vous revenez tout juste du CES 2020 avec la délégation suisse: par rapport aux autres hubs tech majeurs internationaux, quel est votre point de vue sur l’écosystème technologique actuel en Suisse et à quoi pourrait-il ressembler dans 5 ans?

TS (CREAL): La Suisse a à mon avis un écosystème de startup très avancé. Le top en Europe. Pour moi, c’était en effet une raison importante pour démarrer une startup. Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée. Il est presque impossible de faire du business sans aide. L’écosystème des startups suisses est déjà bien implanté et ne peut que continuer à adopter les nouvelles tendances. Le label suisse a depuis toujours été un symbole de qualité et d’innovation. En faire partie est un énorme avantage. La présence officielle suisse au CES n’a que deux ans, nous pouvons donc nous attendre à ce que dans 5 ans ce soit le point chaud du CES.

CL (Vay): L’écosystème technologique suisse est en très bon état. Avec les grandes universités et le nombre important de travailleurs étrangers, la Suisse a les meilleures conditions pour être un pays leader en terme d’innovation. J’observe que les universités suisses commencent à voir la valeur de l’entrepreneuriat et essaient de transmettre l’esprit d’entreprise à leurs étudiants afin que les étudiants embrassent éventuellement une carrière en tant que fondateur. Le plus souvent, les entrepreneurs devront créer une entreprise dotée d'une technologie innovante pour avoir un avantage concurrentiel. Le seul inconvénient que nous avons vu en tant que fondateurs en Suisse est que les investisseurs veulent souvent voir des revenus avant d’investir, comparé aux États où les entrepreneurs peuvent obtenir du financement avec juste un argumentaire et une idée prometteuse. Ce qui est probablement un facteur qui explique la croissance plutôt modérée des startups ici en Suisse/Europe.

BP (DeepCode): La Suisse est un hub DeepTech très solide dans de nombreux domaines, le leader dans beaucoup de ces catégories comme notre propre exemple DeepCode, combinant analyse de code et Machine Learning. L’écosystème suisse consiste en ce moment à renforcer la confiance nécessaire pour mettre en valeur ses capacités et à convertir rapidement la technologie en produits mondiaux de premier plan: en se concentrant sur les MVP bénéfiques pour l’utilisateur plutôt que d’attendre de développer des produits et services similaires à l’esprit « montre suisse ». D’autres hubs majeurs l’ont déjà fait et sont très efficaces pour faire du bruit, même pour la plus petite application mobile sans technologie derrière.

Le correspondant

Raphaël Grieco a commencé en conseiller en investissement en Suisse. Installé à Genève depuis plus de 10 ans, il est aussi le fondateur de l’évènement UPComingVC, un «Venture Capital Investment Challenge» dédié aux VC, start-up et à des challengers souhaitant devenir VC.

Il organise également de nombreux meet-up à Genève, notamment ceux de Product Hunt et contribue à différents projets liés à l’innovation digitale (labélisation de la French Tech Suisse, création d’un fonds de venture capital). Raphaël est diplômé de SKEMA Business School.

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Un commentaire

  1. Selon « Swissinfo » les investissements dans les startups suisses se sont élevés à 2.3 milliards de francs en 2019.

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