Quelle place pour Schneider Electric dans la bataille du numérique?
Frenchweb vous propose de revenir, tout au long de l’année, sur la transformation numérique des grands groupes français. Second épisode de la mutation digitale de Schneider Electric.
Retrouvez le premier volet de notre série sur Schneider Electric :
Schneider Electric face au défi du «tout-connecté»
Maintenir les dépenses en R&D face aux concurrents
Schneider Electric doit composer dans un secteur concurrentiel, afin de ne pas prendre de retard. Le groupe français, qui investit entre 4% et 5% de son chiffre d’affaires en R&D (soit environ 1 milliard d’euros), toutes activités confondues (numérique ou non), doit affronter la concurrence de grands groupes étrangers qui l’affrontent non pas sur l’ensemble de son activité, mais sur plusieurs segments de marché. Parmi eux, on retrouve l’Allemand Siemens, qui projette d’atteindre les 4,4 milliards d’euros en R&D cette année, en hausse de 400 millions sur un an. La multinationale a réalisé 71,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an passé, soit 2,8 fois plus que Schneider Electric. Figure aussi l’Américain General Electric qui a injecté 5,3 milliards de dollars en R&D l’an passé. Et ces deux groupes ont eux aussi mis les bouchés doubles sur le numérique.
L’an passé, Siemens a ainsi lancé un fonds d’investissement – Industry of the Future Fund – de 100 millions de dollars pour investir dans des start-up qui innovent dans les secteurs du numérique et de l’automatisation industrielle. Le groupe a ainsi pris des participations dans plusieurs entreprises comme la start-up montréalaise Lagoa, qui édite un logiciel de visualisation 3D dans le cloud pour les ingénieurs, ou encore CounterTack, dans la cyber-sécurité.
De son côté, General Electric, lui aussi présent sur certains segments de marché communs à Schneider Electric – a lancé un fonds d’investissement – «GE Ventures» pour se rapprocher des start-up et prendre des tickets, notamment dans les secteurs des logiciels et de l’analyse de données.
Tous pensent aux nouveaux débouchés, notamment sur l’IoT, comme l’évoquait Bill Ruh, le vice-président de GE Software sur le site de l’entreprise : «Je suis à la recherche d’un avenir où l’énergie ne sort jamais, où l’eau est toujours propre, où les avions sont toujours à l’heure, et où l’industrie des soins de santé fonctionnent au maximum de ses capacités. Connectées, des machines intelligentes peuvent nous y emmener». GE a même lancé l’an passé, en partenariat avec Frost Data Capital, un véritable incubateur pour accompagner des start-up de l’«Internet
Chez Schneider Electric, un véhicule qui finance les start-up innovantes
Si Schneider Electric n’a pas encore son incubateur, dès 2000, le groupe a créé un fonds d’investissement, «Schneider Electric Ventures», pour prendre des tickets dans des jeunes entreprises de hautes technologies. En 2010, Alstom, Solvay (un groupe chimique belge), et le Fonds européen d’investissement rejoignent la structure qui devient Aster Capital. L’objectif est de prendre des participations dans des start-up qui innovent dans les secteurs de l’énergie, des nouveaux matériaux et de l’environnement.
Doté d’une enveloppe de 120 à 150 millions d’euros, Aster Capital a depuis investi dans plus d’une trentaine de jeunes pousses. L’an passé, 3 millions d’euros ont été injectés dans Digital Lumens, une start-up américaine qui développe des systèmes d’éclairages intelligents à destination des professionnels ; tout comme dans Easybike Group, une entreprise française spécialisée dans les vélos électriques comme Solex ; et 1,5 million d’euros dans CoSMo Company, qui a conçu une plateforme de modélisation et de simulation utilisée pour les réseaux, la maintenance ou encore les infrastructures.
Quelles priorités dans les prochaines années?
En 2013, Scheider Electric a voulu identifier les principales tendances du marché afin de les comparer à ses propres priorités. On y retrouve notamment l’économie numérique ou encore la «mobilité intelligente». Parmi les tendances évoquées figurent aussi les «réseaux intelligents».
Pour aller chercher la croissance là où elle se trouve, Schneider Electric a aussi décidé de se renforcer en Asie. Dans son rapport annuel de 2014, le groupe annonce vouloir investir 50 millions d’euros dans les secteurs des technologies, des médias et des télécommunications en Chine, «avec un intérêt particulier pour le développement des centres de données». Le groupe français développe des solutions de gestion de l’énergie et des ressources pour les infrastructures des data centers. En juin, il présentait «Datacenter Operation : Cooling Optimize», une solution qui apporte de l’intelligence aux systèmes de refroidissement des data centers afin d’économiser de l’énergie.
Et si Schneider Electrice devait travailler (ou racheter) avec des start-up ?
Qarnot Computing est une start-up française qui a eu l’idée d’utiliser l’énergie dégagée par les serveurs pour chauffer les immeubles. Plutôt que de les regrouper dans un seul et même centre de données – qui requiert alors des systèmes de refroidissement -, les serveurs sont éparpillés sous forme de radiateurs qui chauffent ainsi les pièces dans lesquels ils se trouvent. BNP Paribas a notamment signé avec l’entreprise pour chauffer plusieurs de ses bureaux.
Qualisteo a développé un boîtier connecté qui mesure en temps réel la consommation énergétique d’un bâtiment ou d’un site industriel. Celui-ci est installé sur le tableau général du bâtiment par les équipes de l’entreprise. La solution fournit des chiffres sur la consommation par zone, voire même par appareil. L’objectif : mieux gérer l’énergie pour réduire sa consommation. Renault, Vinci, la SNCF ou même… Schneider Electric ont déjà eu recours à ses services.