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L’IA contre les droits perdus : CLAIMY lève 1,5 million d’euros pour traquer les royalties manquantes

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Chaque année, près d’un tiers des droits musicaux disparaissent sans jamais parvenir à leurs créateurs. Ce sont environ 15 milliards d’euros de redevances qui se perdent dans la complexité des métadonnées, les erreurs de correspondance et la fragmentation des systèmes nationaux de gestion collective. C’est ce déséquilibre que la jeune pousse française Claimy s’emploie à corriger, en combinant intelligence artificielle et expertise du secteur musical.

Fondée en 2023 par Pierre-Alban Mulliez, Gustave Larrouturou et Guillaume de Lavenère, Claimy développe une technologie capable de retrouver les droits égarés à travers des centaines de bases de données, labels et plateformes. L’entreprise s’attaque à un problème structurel : la musique est exploitée dans plus de 200 pays, chacun doté de ses propres barèmes et systèmes de suivi. « Les ayants droit perçoivent seulement 70 % des sommes qui leur sont dues », observe Pierre-Alban Mulliez. « Notre objectif est de rétablir la chaîne entre l’exploitation d’une œuvre et sa rémunération. »

Pour y parvenir, la startup s’appuie sur deux briques technologiques majeures. La première vise à réconcilier des métadonnées souvent incomplètes ou incohérentes entre les sociétés de gestion. La seconde repose sur des algorithmes de détection audio capables d’identifier des morceaux même lorsqu’ils ont été modifiés : versions accélérées, reprises, extraits live ou remixés. « Les technologies de reconnaissance actuelles, comme Shazam, ne détectent que les copies strictement identiques », précise le dirigeant. « Nous développons des modèles capables d’identifier des versions altérées, là où la majorité des droits se perdent. »

Cette avancée est le fruit d’un partenariat de recherche avec Télécom Paris, dont le laboratoire Listen Lab encadre une thèse CIFRE menée au sein de Claimy. Les travaux portent sur la détection de sons transformés et sur la correspondance entre des compositions protégées et des extraits générés par intelligence artificielle, un enjeu appelé à devenir central. « On commence à travailler sur la reconnaissance de morceaux créés par IA, un sujet qui va devenir essentiel dans les prochaines années », ajoute Pierre-Alban Mulliez.

Au-delà de la technologie, Claimy veut rendre visible une économie devenue opaque. Sa plateforme B2B offre aux éditeurs et labels un tableau de bord pour suivre l’exploitation de leurs œuvres, anticiper les paiements et valoriser leurs catalogues. « Dans la musique, le délai entre la diffusion et le paiement peut atteindre deux ans », rappelle le cofondateur. « Notre solution permet à nos clients de savoir quand et combien ils vont toucher. »

Le modèle économique de Claimy repose sur une rémunération au succès : l’entreprise perçoit jusqu’à 30 % des montants additionnels retrouvés. « Nous ne facturons rien en amont. Nos intérêts sont alignés avec ceux de nos clients », souligne Mulliez. L’approche séduit un secteur en quête de transparence et d’efficacité, alors que la financiarisation des catalogues – des Beatles à Justin Bieber – fait émerger une demande nouvelle pour des outils de suivi automatisés et fiables.

Basée à Paris et Londres, Claimy annonce avoir levé 1,5 million d’euros en pré-amorçage, auprès de business angels issus de la musique et de la tech : Jean-Baptiste Hironde (fondateur de MWM), Julien Codorniou (ex-VP Facebook), Flavien Kulawik et Ludwig Sels, ainsi que de financements publics de Bpifrance et du Centre National de la Musique.

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