
Avec Neuralink, Merge Labs, Precision Neuroscience et Synchron, les États-Unis sont en tête de la course au “Merge”
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Sur le terrain des interfaces cerveau ordinateur, les États-Unis concentrent aujourd’hui les projets les plus ambitieux et les financements les plus massifs. Mais la compétition ne se joue plus seulement entre entreprises, elle oppose des visions stratégiques, et des modèles d’adoption qui sont propres à chaque acteur.
Neuralink, fondée en 2016 par Elon Musk, a imposé son nom comme référence dans le domaine. L’entreprise a opté pour une approche radicale en développant un implant cérébral invasif à haute densité d’électrodes, capable de lire et de stimuler l’activité neuronale avec une précision inégalée. Les premiers essais sur l’humain, autorisés par la FDA, visent principalement à restaurer des fonctions motrices et sensorielles perdues. Mais l’objectif affiché dépasse largement le champ médical, Elon Musk parle d’une interface universelle, capable à terme de connecter directement le cerveau à des systèmes d’intelligence artificielle. Avec une levée de 650 millions de dollars en début d’année pour une valorisation de 9 milliards, Neuralink a consolidé sa position de leader mais reste très challengé.
Face à cette avance, Sam Altman, cofondateur d’OpenAI, prépare sa riposte, avec Merge Labs, société qu’il co-fonde aux côtés d’Alex Blania (Worldcoin), et qui vise à tirer parti des modèles d’IA d’OpenAI pour créer une interface neuronale à haut débit pensée dès l’origine pour des interactions avec des intelligences artificielles. Si Sam Altman ne compte pas assurer la direction opérationnelle, son implication dans la levée de 250 millions de dollars et sa capacité à structurer un écosystème autour de GPT donnent à Merge Labs un avantage stratégique en intégrant la BCI directement dans une plateforme logicielle déjà adoptée par des centaines de millions d’utilisateurs (actuellement plus de 700 millions)
Derrière ces deux géants médiatiques, Precision Neuroscience adopte une stratégie plus pragmatique. Fondée par Benjamin Rapoport, ancien de Neuralink, l’entreprise mise sur un implant moins invasif, placé à la surface du cerveau plutôt qu’en profondeur, afin de réduire les risques chirurgicaux. Cette approche pourrait accélérer l’adoption clinique et faciliter les autorisations réglementaires, en ciblant dans un premier temps les applications médicales.
Enfin, Synchron incarne la voie de l’implant minimaliste avec son dispositif, qui inséré par voie endovasculaire via les vaisseaux sanguins du cerveau, contourne la chirurgie invasive tout en offrant une communication neuronale fonctionnelle. Synchron a déjà obtenu des autorisations pour des essais humains aux États-Unis et en Australie, et se positionne comme le premier acteur BCI à avoir franchi cette étape sur deux continents.
Ces quatre entreprises incarnent les différentes voies possibles vers le “Merge”. Neuralink et Merge Labs visent la rupture technologique, avec l’objectif de créer une interface symbiotique entre l’homme et l’IA. Precision Neuroscience et Synchron privilégient l’itération médicale et la réduction des risques, misant sur une adoption progressive avant d’ouvrir la porte à des usages plus ambitieux.
La bataille se joue aussi sur le plan économique. Neuralink dispose déjà d’un capital considérable et d’une avance en matière de démonstration technique. Merge Labs, grâce au soutien d’OpenAI, pourrait capitaliser sur un effet de plateforme unique, en intégrant la BCI dans un écosystème logiciel existant. Precision et Synchron, quant à elles, peuvent séduire les investisseurs par une feuille de route plus compatible avec les régulateurs et un time-to-market plus court.
Dans cette compétition, l’enjeu ne se limite pas à savoir qui construira l’interface la plus performante mais Il s’agit de définir la norme technique et cognitive qui structurera le marché mondial. Celui qui imposera son protocole neuronal et son modèle d’adoption fixera les règles du jeu pour les décennies à venir. Les États-Unis sont aujourd’hui les seuls à disposer de plusieurs acteurs capables d’atteindre ce seuil. Mais la Chine est bien entendu de la partie, rendez vous demain pour découvrir ce qu’il se passe derrière la Grande Muraille.
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