INVESTISSEMENTSLES LEVEES DE FONDSTRENDS

Ce que les levées de fonds de mai 2025 révèlent des tendances marché

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Alors que le capital-risque continue de se reconfigurer dans un climat post-ZIRP marqué par la prudence, le mois de mai 2025 fait émerger plusieurs signaux faibles, et forts, sur les priorités technologiques et les attentes des investisseurs. De l’intelligence artificielle industrialisée aux nouvelles frontières de la souveraineté numérique, voici ce que ces 40 levées de fonds récentes disent du marché.

L’IA sort de la hype, entre infrastructure métier et productivité assistée

Avec TamTam, Noota, SeqOne, Alta Ares, Vsora ou Kalent, les projets financés ce mois-ci ne se contentent plus de greffer une couche d’IA sur un produit existant. Ils la structurent en profondeur : moteur d’analyse génomique, assistant RH, co-pilote des ventes ou processeur d’inférence.

L’intelligence artificielle n’est plus un supplément technologique, elle devient un socle opérationnel.

Les levées financent avant tout des applications industrielles : IA verticale, souveraine, spécifique. Les startups qui lèvent ne sont pas les plus “sexy”, mais celles qui traduisent une adoption métier réelle et mesurable.

Hardware, santé, souveraineté : le retour du “hard to do”

La tech dure regagne du terrain. Vsora (processeurs IA), Chipiron (IRM à champ faible), Aéronde (dirigeables électriques), Hemerion (laser + cancer), Wemet (objets connectés), des projets techniques, capitalistiques, longs à industrialiser… et pourtant financés.

Ce regain s’explique par :

  • Un soutien public plus marqué (subventions, dette innovation)
  • Un recentrage des VCs sur des projets à effet de levier technologique fort
  • Une demande croissante d’indépendance industrielle (défense, énergie, santé)

La cybersécurité et la défense passent à l’offensive

Deux segments clés concentrent les attentions : la cybersécurité (avec Memority, Dastra, Orasio) et les outils de souveraineté numérique (données critiques, surveillance, IA tactique).

Ces startups ne se positionnent pas uniquement comme des boucliers, mais comme des systèmes de commandement pour mieux exploiter les données dans un monde fragmenté. Cela reflète aussi un virage dans l’investissement early-stage : moins de vision “compliance”, plus de stratégie géopolitique intégrée.

L’ère post-plateformes : vers des SaaS spécialisés, sobres et alignés métier

De Didask à Ensweet, de Reelevant à Inicio, une tendance se dessine, celle d’éditeurs SaaS à la fois sobres (peu de levées, peu de cash brûlé) et ultra-spécialisés. On est loin des modèles “growth à tout prix”, ces entreprises visent des marchés intermédiaires, avec un produit bien ancré dans une problématique métier.

  • Positionnement B2B assumé
  • Modèle par abonnement dominant
  • Peu de dettes, peu d’acquisitions : priorité à la rétention

Une French Tech qui s’ancre dans les transitions industrielles

Enfin, ces levées montrent que la French Tech revient aux fondamentaux : transition énergétique, santé, souveraineté, éducation, mobilité.

Ce ne sont pas les thématiques “à la mode” qui attirent le plus de capital, mais les projets capables de résoudre des problèmes concrets avec un modèle économique viable.

Exemples :

  • Inicio pour l’optimisation photovoltaïque
  • Riverse pour la certification carbone
  • Ecomer pour la performance énergétique des navires
  • CleanMob pour la gestion des flottes

Coté VC des signaux faibles d’une recomposition à surveiller

Trois lignes de fracture méritent attention :

  1. VC produit vs VC souveraineté
    Certains investisseurs restent centrés sur la performance produit (Kima, Elaia), tandis que d’autres s’alignent sur des enjeux systémiques (Bpifrance, Frst, Starburst). Ce clivage traduit une tension croissante entre agilité marché et priorités stratégiques de long terme.

  2. Capital opportuniste vs capital missionné
    L’apparition de tours d’amorçage dans la cybersécurité, la défense ou la certification climat suggère un glissement partiel vers un capital à visée géopolitique ou réglementaire, souvent soutenu par des institutions publiques ou des thèses impact.

  3. Verticalisation assumée des thèses IA et SaaS
    La logique « horizontal SaaS pour tous » laisse place à des solutions hyper-spécialisées : IA pour les forces de l’ordre, SaaS pour l’oncologie, plateformes RH dopées à l’automatisation. Les startups qui lèvent sont celles qui traduisent l’IA en valeur métier concrète.

Bien sûr, il s’agit d’un instantané. Mais dans un contexte de resserrement global du financement, ce que les investisseurs choisissent de soutenir devient un indicateur avancé de leurs priorités profondes. Et ce mois de mai confirme une évolution vers des modèles sobres, intégrés, et alignés avec les enjeux critiques du temps présent.

Ce qu’il faut retenir des chiffres clés du mois

  • Total levé (échantillon analysé) : ~275 millions d’euros
  • Tour moyen (hors subventions et dettes) : 8,2 M€
  • Modèle économique dominant : 62 % des startups sont sur abonnement
  • B2B ultra-majoritaire : 80 % des levées concernent un marché professionnel
  • Séries Seed et A concentrent les deals : peu de late-stage visibles

En quelques mots

Mai 2025 ne signe pas une explosion du capital-risque, mais un repositionnement stratégique, les investisseurs cherchent désormais des technologies résilientes, des marchés réels et des usages différenciés, loin des bulles spéculatives.

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