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Après une hausse de 48% des investissement sur l’année 2013, les business angels ont moins investi au quatrième trimestre

Une baisse qui intervient après une forte hausse sur les 3 premiers trimestres 2013, dues aux annonces de politique fiscale

Après une forte hausse de 48% des investissements de business angels sur les trois premiers trimestres 2013, tant en nombre qu’en montant des tours, la fin de l’année a été plus décevante en la matière, comme le constate ISAI au travers de son indicateur semestriel sur l’activité de l’investissement early-stage, le baromètre Fibamy.

La « météo » politico-économique reste un facteur très influent auprès des investisseurs. Et c’est justement les dispositifs mis en place par le gouvernement qui ont rassuré les business angels en 2013 :

  • le dispositif fiscal ISF-PME et la hausse très significative de l’ISF (passage de 2 tranches à 0,25% et 0,5%, à 6 tranches entre 0,5% et 1,5%) votée lors de la Loi de Finances 2013 rendant les montants potentiels « à défiscaliser » plus importants pour les assujettis ISF.
  • Les Assises de l’entrepreneuriat ponctuée par les annonces faites par le Président de la République de revenir (avec effet rétroactif sur 2013) sur la taxation excessive des plus-values de cession telle que votée fin 2013

Fibamy

Jean-David Chamboredon est président exécutif de Isai Gestion, un fonds tenu par des entrepreneurs reconnus (Skype, Lastminute, PayPal, Netscape, Meetic, Free…).

Retrouvez-le sur sur son compte Twitter : @isai_fr

Frenchweb : L’investissement early-stage se porte bien en France, mais est-ce suffisant pour dynamiser l’économie numérique au vu des carences en « mid to late stage » ?

jean-david-chamboredon

Jean-David Chamboredon : Avant de parler de la situation sur le « mid to late stage », soyons prudents sur le « early stage ». J’espère tout d’abord que le sérieux trou d’air observé sur le quatrième trimestre 2013 n’est que passager et que la bonne tendance 2013 se retrouvera dans les chiffres 2014. Les explications conjoncturelles que nous avons pu identifiées ainsi qu’une forme de saisonnalité de l’activité des « business angels » qui semble se dessiner me laissent optimiste. Il faut aussi que le scepticisme généré par ce que nous appelons les « incohérences » gouvernementales ou parlementaires diminue.

Le discours présidentiel depuis le début d’année va dans le bon sens car les start-ups se reconnaissent bien dans un modèle d’économie de l’offre. Il faut maintenant des actes, de la constance et de la cohérence pour qu’entrepreneurs et investisseurs arrêtent de se dire qu’un ministre ou un député peut à tout moment sortir de son chapeau une mesure échappant à tout rationnel micro-économique et ce, en toute incohérence avec la politique annoncée.  Nous l’avons trop souvent vécu en 2013…

En restant sur l’amorçage, il convient également de rappeler qu’une croissance des investissements de près de 50% c’est très bien mais que nous partons de très loin. À PIB égal, nous restons des « nains » comparé à des pays comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne ou Israel. Pour qu’un écosystème d’innovation, par nature pyramidal, prospère, il faut que la base soit large avant d’imaginer que la pointe ne soit plus haute… Un rythme de 50% de croissance par an du capital-amorçage est donc en fait un minimum pour espérer progressivement combler notre retard…

Concernant le capital-risque/capital-développement et sa capacité à accompagner les plus ambitieuses de nos start-ups et PMEs, force est de constater que nous avons des fonds trop petits ce qui rend les tours de table ambitieux difficiles, sans l’apport d’un investisseur international ou de Bpifrance. Cette faiblesse « bride » en réalité l’ambition de tout l’écosystème, la solidité d’une chaîne correspond à celle de son maillon le plus faible…

Il est donc vraiment regrettable qu’aucune des mesures prises suite au rapport Berger-Lefebvre ne favorise une quelconque forme de guidage de l’épargne longue vers les start-ups et PME non cotées. Le problème est soluble puisque l’épargne des Français est abondante mais la croissance ne reviendra pas si 100% de l’épargne doit rester liquide ou soit disant sans risque ! Il reste visiblement beaucoup de pédagogie à faire sur le sujet…

Les dispositions prises par le gouvernement (Assises de l’entrepreneuriat, dispositif fiscal ISF-PME…) ont visiblement convaincu les investisseurs. Mais le projet de loi de finance devrait de nouveau être débattu dans les prochains mois, y compris les dispositifs évoqués. Comment les investisseurs peuvent-ils réagir (BA, VC…) ?

Je pense qu’on peut être rassurant sur ces sujets. La révision du régime de taxation des plus-values de cession a été votée en décembre 2013 conformément aux annonces du Président de la République faites lors des Assises de l’Entrepreneuriat fin Avril 2013. Lors de ces voeux aux acteurs de l’économie, le Président a d’ailleurs « sanctuarisé » ce nouveau régime. Il y aura peut être des « correction de bugs » car la réforme a été profonde mais je n’imagine pas la moindre remise en cause … De même, le dispositif ISF-PME a été préservé dès l’été 2012 lors de la préparation du PLF2013 et j’ai entendu Fleur Pellerin annoncer en Novembre dernier qu’elle pensait l’aménager favorablement pour l’éligibilité des SIBA (Société d’Investissement de Business Angels) ce qui serait très bien. Un signal contraire serait bien évidemment catastrophique mais rien ne me laisse penser que cela arrivera …

Je suis, par contre, inquiet des conséquences très malheureuses que pourrait avoir la loi Hamon sur les cessions d’entreprises. Censée favoriser la reprise d’entreprises sans repreneur par leurs salariés, la loi telle que votée en première lecture au Sénat devrait, en fait, fragiliser les reprises d’entreprises avec repreneur! Je suis totalement en phase avec l’objectif énoncé du ministre mais la mise en musique est potentiellement désastreuse… On nous dit « Regardez les modalités ne sont pas si contraignantes que cela ! » Moi je réponds « Vous ne connaissez rien à la réalité d’une cession d’entreprise. Pourquoi contraindre quand il s’agit de favoriser ? Où est le choc de simplification quand on contraint et complexifie ce qui n’est déjà pas simple du tout ? »…

Quelles seront selon vous les tendances fortes en 2014 ?

Comme nous l’avons noté dans le FIBAMY, les plateformes de financement participatif de type « equity crowdfunding » sont en train d’émerger. Elles devraient permettre à de nouveaux investisseurs de participer et à de plus en plus de levées de fonds de se réaliser (ou d’être complétées). Le travail de clarification réglementaire fait par l’AMF et l’ACP l’année dernière sur les différents types de financements participatifs (« reward based »/ « loan » / « equity ») a été utile mais le projet présenté en Septembre manquait singulièrement d’ambition. Il faut maintenant traiter les sujets séparément et les faire avancer… vite… Vu la culture de nos concitoyens en matière d’épargne, le risque de voir la veuve de Carpentras vider son compte-épargne pour acheter sur internet les actions d’une start-up au business plan douteux reste tout de même modeste ! Prenons des précautions pour prévenir cela mais arrêtons d’en prendre trop… C’est une opportunité, soyons offensifs !

De façon plus générale, l’action de FranceDigitale, l’initiative « La French Tech », le soutien de Bpifrance, les multiples structures de type « accélérateurs », l’IPO remarquable de Criteo, la prometteuse trajectoire de sociétés comme Withings ou Blablacar… sont autant d’indices d’un écosystème vibrant et entreprenant plus ambitieux que jamais. Espérons que le capital nécessaire à cette ambition de « start-up nation » sera au rendez-vous… C’est en fait à nous de convaincre les uns et les autres … Continuons de nous atteler à cet exercice !

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3 commentaires

  1. isai_fr laurent_local: Les start-up françaises ont levé 291 M€ en 2013, 46% de moins par rapport aux 542 M€ récoltés en 2012 (Challenges)

  2. OlivierVitri laurent_local l’indicateur FIBAMY conerne les business angels… pas les VCs…

  3. isai_fr laurent_local oops, corrélation trop rapide en effet… ;)

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