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Du procès contre UberPop à la direction d’Uber Eats: retour sur le parcours de Pierre-Dimitri Gore-Coty

Pierre-Dimitri Gore-Coty vient d’être nommé à la tête d’Uber Eats suite à la démission de Jason Droege. Le Français entré chez Uber en 2012 pour superviser le lancement de l’activité de VTC en France a gravi les échelons jusqu’à devenir vice-président des opérations d’Uber en dehors de l’Amérique du Nord. À ce poste, il supervisait les activités de la société dans plus de 60 pays. Ce vétéran de l’entreprise prend encore une nouvelle dimension. Cette nomination intervient alors qu’Uber est à un moment crucial de son histoire: fini le seul focus sur la croissance, le groupe doit maintenant être rentable. Et au cœur de ce défi se trouve notamment la division de livraison de repas.

Dara Khosrowshahi, le patron d’Uber, l’a affirmé lors de la dernière présentation des résultats: le groupe sera rentable d’ici fin 2020. Cependant, si l’entreprise parvient plus facilement à réduire les coûts de développement pour son activité de VTC où elle a déjà réussi à s’imposer sur de nombreux marchés, ce n’est pas le cas pour Uber Eats. Acquisition clients, incitations financières pour recruter des livreurs… la compétition est féroce et la formule pour trouver l’équilibre semble loin d’avoir été trouvée. En attendant, Uber Eats se retire des marchés où il n’arrive vraiment pas à s’imposer: cela a récemment été le cas en Inde et on peut également citer la Corée du Sud en fin d’année dernière. C’est dans ce contexte que Pierre-Dimitri Gore-Coty rejoint la tête de la division de livraison de repas. Pourquoi ce poste lui a-t-il été confié? Que nous apprend son parcours sur l’impulsion qu’il pourrait donner à Uber Eats?

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Pierre-Dimitri Gore-Coty tente d’évangéliser le marché

Il faut se souvenir du contexte dans lequel Pierre-Dimitri Gore-Coty a rejoint Uber. Lancée en France en décembre 2011, il s’agit alors du premier marché de l’entreprise en dehors des Etats-Unis et son arrivée, comme ce sera le cas pour la plupart des autres pays, va créer d’importants remous, notamment avec les compagnies de taxi traditionnelles. Le point culminant est atteint en 2014 avec le lancement d’Uber Pop à Paris, qui permet à n’importe quel particulier d’utiliser sa voiture pour transporter des passagers en passant par l’application développée par Uber.

Pierre-Dimitri Gore-Coty a alors rejoint l’entreprise depuis deux ans, lorsqu’il avait 27 ans. De General Manager France, poste qu’il a occupé pendant un an, il est déjà passé à celui de Regional General Manager – Western Europe. Un de ses rôles: évangéliser le marché. Il écume ainsi les plateaux des grandes chaînes et des plus petites, les interviews s’accumulent dans diverses publications. Il choisit une position douce mais ferme. Il défend la position d’innovateur d’Uber, réfute les arguments de concurrence déloyale, et ne s’en prend pas de façon frontale aux taxis.

Un de ses arguments à l’époque? La différence majeure entre les VTC et les taxis est le droit de maraude, selon lui. Les VTC ne peuvent pas prendre quelqu’un qui les hèle dans la rue, tandis qu’un taxi oui, ce qui en fait deux activités très différentes et explique notamment le paiement d’une licence pour ces derniers. Il répète également qu’Uber n’a pas inventé le secteur des VTC, qui est réglementé. Autre argument: Uber ne peut être tenu responsable de l’inflation qu’a connu le prix des licences. En attendant, la colère gronde et s’étend en Europe, le périmètre d’intervention de Pierre-Dimitri Gore-Coty. En France, en 2015 notamment, les affrontements entre chauffeurs de taxi et VTC deviennent même violents. La situation est alors extrêmement tendue. Plusieurs plaintes ont déjà été déposées par diverses associations et entreprises du secteur pour faire interdire le service.

L’équipe française joue la carte de l’apaisement

Mais l’équipe, portée par Pierre-Dimitri Gore-Coty, pour rappel devenu Regional General Manager – Western Europe et Thibaud Simphal, alors General Manager France, se battra jusqu’au bout et notamment sur le front juridique. En novembre 2014, les avocats trouvent par exemple une parade et déposent quatre questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) ainsi qu’un recours à Bruxelles concernant la loi Thévenoud dont une des dispositions interdit la mise en relation de clients avec des chauffeurs amateurs pour des prestations de taxis. Mais en septembre 2015, le verdict tombe: le conseil constitutionnel donne tord à l’entreprise.

Entre temps, la situation s’est encore envenimée, François Hollande demande la dissolution d’UberPop. L’équipe met effectivement fin à cette activité le 3 juillet 2015. C’est alors davantage Thibaud Simphal qui prend la parole. Il met en avant la volonté de protéger la sécurité des chauffeurs Uber et la nécessité d’apaiser la situation. Une communication qui donne l’impression qu’ils ont pris les devants, alors qu’Uber se trouvait de toutes les façons au pied du mur. Mais ils s’auront s’arrêter au bon moment. Cependant, les deux cadres vont devoir affronter la justice.

Face à une interdiction de gérance de 5 ans

En février 2016 s’ouvre le procès intenté contre Pierre-Dimitri Gore-Coty, alors directeur de l’exploitation pour la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), et Thibaud Simphal, toujours General Manager – France. Ils doivent répondre en tant que personnes morales représentant Uber et en engageant leur responsabilité individuelle à plusieurs chefs d’inculpation dont ceux de «pratique commerciale trompeuse», «complicité d’exercice illégal de la profession de taxi» et conservation illégale de données informatiques. Face à eux, plus d’une trentaine de parties civiles dont la Fédération nationale des artisans du taxi, la Fédération nationale des taxis indépendants ou encore la Fédération française des taxis parisiens.

Au final, les deux cadres, accompagnés d’une armada d’avocats éviteront le pire. Pierre-Dimitri Gore-Coty et Thibaud Simphal sont respectivement condamnés à 30 000 euros et 20 000 euros d’amende, dont la moitié avec sursis. Le tribunal correctionnel de Paris ne suit alors pas les réquisitions du parquet qui avait demandé une interdiction de gérance de 5 ans pour les deux protagonistes. Uber de son côté se voit infliger une amende de 800 000 euros, dont 400 000 euros avec sursis. 

« Uber a parfois été trop loin »

Avant même le verdict, vers le début du procès, Pierre-Dimitri Gore-Coty publie une tribune où le cadre montre encore une fois sa capacité à jouer l’apaisement tout en se montrant toujours fidèle à la vision de « pionnier » d’Uber. «Il faut savoir remettre en cause les vérités établies. Uber a parfois été trop loin en la matière, ce qui nous a fait apparaître comme inutilement agressifs plutôt que constructifs ; travailler en partenariat avec les villes où nous nous développons, savoir convaincre du bien-fondé de nos ambitions : voici un défi pour l’avenir d’Uber. Mais il ne faut pas espérer créer quelque chose de neuf sans remettre en cause le statu quo existant», expliquait-il.

Depuis, Uber continue à avoir une relation compliquée avec l’Europe. L’entreprise a notamment perdu sa licence à Londres, se voit interdit d’exercer en Allemagne, a dû quitter Barcelone face à une réglementation jugée trop restrictive.

En attendant, le bilan de Pierre-Dimitri Gore-Coty est manifestement jugé positif et ce dernier passé par l’École Centrale, l’Université Columbia (master of science, Financial Engineering) et qui avant de rejoindre Uber avait fait un saut par Goldman Sachs et même monté son propre fonds, poursuit son ascension au sein du géant californien.

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