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Renault monte au capital de Wandercraft, et mise sur la robotique médicale pour réinventer ses usines

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Renault Group vient d’annoncer une prise de participation minoritaire dans Wandercraft, spécialiste français des exosquelettes robotisés à assistance autonome. Cette opération s’accompagne d’un partenariat stratégique destiné à développer des robots pour les sites de production du constructeur automobile. Une collaboration qui marque le passage d’une technologie conçue pour les hôpitaux à une nouvelle génération d’outils industriels.

TL;DR – Quand la robotique médicale entre dans l’usine

👥 Pour qui est-ce important ?

  • Responsables industriels en quête d’automatisation ergonomique
  • Investisseurs deeptech et corporate venture
  • Startups robotiques ciblant le marché B2B
  • Décideurs publics impliqués dans la souveraineté technologique

💡 Pourquoi c’est stratégique ?

  • Renault industrialise une technologie initialement médicale
  • Wandercraft accède à la production à grande échelle
  • Calvin, nouveau robot mobile, soulage les opérateurs en usine
  • Positionnement différenciant face à la robotique chinoise et américaine
  • Premier cas européen de transfert clinique vers l’industrie lourde

🔧 Ce que ça change concrètement

  • Réduction des tâches pénibles sur les lignes de montage
  • Accélération du design-to-cost pour robots collaboratifs
  • Création d’une gamme de robots industriels basée sur la marche humaine
  • Renault renforce sa stratégie IA + robotique dans ses usines
  • Wandercraft élargit son marché au-delà du secteur médical

Fondée en 2012, Wandercraft s’est d’abord fait connaître par ses exosquelettes à usage médical, déployés dans des centres de rééducation aux États-Unis, en Europe et en Asie. Son modèle Atalante, auto-équilibré et capable de reproduire une marche humaine sans béquilles, a été utilisé pour accompagner des personnes paraplégiques ou atteintes de troubles moteurs sévères.

Avec ce partenariat, Wandercraft s’engage sur un tout autre terrain. La technologie initialement développée pour restituer le mouvement à des patients se déplace désormais dans les chaînes de montage de Renault. L’objectif est de développer une famille de robots mobiles baptisée Calvin, capables de soulager les opérateurs des tâches pénibles, répétitives ou peu ergonomiques. Ces robots sont conçus pour intervenir dans des environnements industriels complexes, où la flexibilité et la collaboration homme-machine sont décisives.

Pour Renault, il s’agit moins d’une automatisation intégrale que d’une hybridation stratégique entre technologie avancée et travail humain. Le constructeur met en avant une logique de « design-to-cost » et d’industrialisation maîtrisée, reposant sur son savoir-faire en production de masse. « Ce partenariat avec Wandercraft est tourné vers l’avenir. Il nous permettra d’accélérer l’automatisation et de développer des robots adaptés à nos usages industriels automobiles spécifiques, nous permettant ainsi de dédier nos équipes à des activités à plus forte valeur ajoutée et de soulager les opérateurs des tâches pénibles et peu ergonomiques. Il stimulera la productivité grâce à la réduction accélérée du temps et des coûts de production », précise Thierry Charvet, directeur industriel et qualité du groupe Renault.

De son côté, Wandercraft voit dans cette collaboration l’occasion de franchir un seuil industriel difficilement atteignable seul. Son directeur général et cofondateur, Matthieu Masselin, souligne l’importance de ce partenariat pour élargir le champ d’application de ses robots au-delà du médical : « Ce partenariat renforcera notre capacité à construire et à mettre à l’échelle des robots à fort impact et à faible coût qui améliorent la vie quotidienne des personnes – qu’il s’agisse d’aider les personnes handicapées à marcher ou de soutenir les travailleurs de l’industrie grâce à l’automatisation – à l’usine, dans les cliniques et à domicile. »

Le premier prototype industriel issu de cette collaboration, Calvin 40, a été développé en quarante jours. Il inaugure une série de robots humanoïdes mobiles destinés à s’adapter aux contraintes des lignes de production modernes. L’annonce de Renault s’inscrit dans une tendance plus large d’exploration de la robotique collaborative au sein de l’industrie automobile, déjà visible chez Tesla, Hyundai ou BMW. Mais là où d’autres misent sur des approches 100 % robotisées, Renault privilégie un modèle où la machine soutient le geste humain sans le supplanter.

Le partenariat Renault-Wandercraft s’inscrit ainsi dans une dynamique mondiale d’essor de la robotique humanoïde mobile, à la croisée du robot collaboratif et de l’exosquelette intelligent. Aux États-Unis, Apptronik développe Apollo, un robot conçu pour travailler dans les entrepôts. Agility Robotics, soutenu par Amazon, propose Digit, un bipède capable de manipuler des objets dans des usines. Au Canada, Sanctuary AI mise sur Phoenix, une plateforme humanoïde dotée d’IA cognitive pour exécuter des tâches variées dans des environnements semi-structurés.

En Chine, la robotique fait l’objet d’un soutien stratégique explicite de l’État, dans le cadre du plan “Made in China 2025” qui vise à faire du pays un leader mondial dans les industries de haute technologie, y compris la robotique intelligente. Face à un vieillissement rapide de la population active et à des tensions sur la productivité manufacturière, Pékin pousse les entreprises à automatiser à grande échelle. Le marché chinois de la robotique industrielle est désormais le plus important au monde en volume, mais une nouvelle génération d’acteurs cherche à dépasser le simple robot de soudure ou de logistique. Des entreprises comme Unitree développent des robots quadrupèdes, humanoïdes ou exosquelettiques, intégrant de plus en plus de capacités d’IA embarquée, de perception et de mouvement autonome.

En Europe, les avancées sont plus fragmentées. L’allemand German Bionic propose Cray X, un exosquelette connecté pour soulager les travailleurs du dos. En Espagne, Gogoa Mobility Robots développe également des exosquelettes à visée thérapeutique ou professionnelle. Mais Wandercraft conserve une position distincte avec sa technologie auto-équilibrée, sa maîtrise des composants clés et un réseau neuronal propriétaire entraîné sur des données biomécaniques issues du réel. Ce socle technique pourrait constituer un levier compétitif majeur dans l’industrialisation.

L’entrée du secteur automobile dans la robotique d’assistance issue du médical renverse ainsi les circuits habituels d’innovation. Alors que les technologies industrielles irriguent traditionnellement la médecine, le partenariat entre Renault et Wandercraft démontre que l’inverse est désormais envisageable. Dans un contexte où les contraintes physiques et ergonomiques pèsent sur les performances des sites de production, l’exosquelette devient un outil de productivité. Et les robots de rééducation s’apprêtent à marcher dans les usines.

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