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Au bord du gouffre, Lime va-t-il se faire racheter par Uber ?

Les plateformes de mobilité urbaine tremblent alors que les trajets sont en chute libre à cause du confinement engendré par le Covid-19. Cette crise inédite amène en effet les acteurs du secteur à se livrer à une cure d’austérité drastique, qui passe notamment par des licenciements massifs, mais pas seulement. Mal au point, la start-up américaine Lime, qui a déployé ses trottinettes électriques un peu partout dans le monde entier, pourrait ainsi voir Uber monter davantage à son capital, voire à la racheter.

En effet, les revenus de Lime étant quasiment réduits à néant avec la crise du coronavirus, la jeune pousse californienne n’est plus que l’ombre d’elle-même. Pour éviter qu’elle ne sombre définitivement, Uber serait ainsi en train de monter une opération pour aider Lime à lever 170 millions de dollars en urgence, selon The Information. Dans le cadre de cette opération de sauvetage, Uber, qui avait décidé d’investir dans Lime aux côtés de Google en 2018, aurait déjà consenti à injecter 85 millions de dollars pour maintenir la start-up américaine à flot.

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La valorisation de Lime pourrait s’effondrer de 79%

Cependant, les conditions qui régissent ce tour de table vital pour la survie de Lime risquent de bouleverser ses perspectives de développement dans un futur proche. En effet, l’accord laisse la porte ouverte à Uber pour mettre la main sur Lime à un prix fixe entre 2022 et 2024. Les trottinettes électriques de Lime rejoindraient alors celles de la division Jump du groupe de VTC, qui gère également des vélos électriques. En attendant cet éventuel rachat, la valorisation de Lime apparaît comme la principale victime de ce plan de sauvetage. Évaluée à 2,4 milliards de dollars en 2018, la start-up américaine ne vaudrait plus que 510 millions de dollars, soit un effondrement spectaculaire de 79%. Une telle valorisation signifierait de facto que Lime n’appartient plus au cercle des licornes.

Peu importe, l’essentiel est ailleurs pour l’instant, alors que Brad Bao, le patron de l’entreprise californienne, a adressé une lettre à ses équipes pour leur annoncer le licenciement de 13% des effectifs, soit 80 employés. «Presque du jour au lendemain, notre entreprise est passée de la veille de franchir une étape sans précédent – la première entreprise de micro-mobilité de nouvelle génération à atteindre la rentabilité – à une autre où nous avons dû suspendre nos opérations dans 99% de nos marchés dans le monde pour soutenir les efforts des villes en matière de distanciation sociale. Inutile de dire que lorsque nous pensions avoir prévu toutes les possibilités cette année, nous n’anticipions pas de pandémie mondiale», a indiqué Brad Bao dans cette lettre. En début d’année, Lime avait déjà licencié une centaine d’employés, soit environ 14% de ses effectifs, et cessé ses activités dans une douzaine de villes aux États-Unis et en Amérique latine.

Si le Covid-19 a contribué à aggraver la situation dans laquelle se retrouve actuellement Lime, les temps étaient déjà difficiles pour la start-up américaine auparavant. En effet, la société avait estimé l’an passé que sa perte d’exploitation dépasserait les 300 millions de dollars en 2019, d’après les chiffres consultés par The Information, et ce alors qu’elle avait levé plus de 300 millions de dollars au début de la même année. Des pertes engendrées par des engins qui peinent à survivre suffisamment longtemps pour générer des bénéfices, la faute à de nombreux accidents et des dégradations commises par des piétons excédés de ne plus pouvoir se frayer un chemin sur les trottoirs.

Il faut dire que la durée de vie moyenne des trottinettes électriques est relativement faible. Celle-ci n’excède pas trois mois, selon une étude du cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG). Or il faut 115 jours, soit près de quatre mois, pour amortir le coût d’acquisition d’une trottinette. Ainsi, la quête d’un modèle économique rentable demeure complexe, d’autant que les investissements consentis par les entreprises du secteur pour déployer leurs engins dans de nouvelles villes et entretenir leur parc de trottinettes ne font que rendre l’addition plus salée. Ajoutez à cela une crise sanitaire qui paralyse les déplacements urbains, cela devient alors carrément mission impossible.

Le rival Bird supprime près d’un tiers de ses effectifs

Lime n’est cependant pas le seul acteur de ce marché pesant plus de 1,5 milliard de dollars à être en péril en ce moment. C’est aussi le cas de son rival Bird qui a décidé fin mars de licencier près d’un tiers de ses effectifs, de manière à rester solvable jusqu’à la fin de l’année 2021, selon Travis VanderZander, le fondateur et patron de la start-up californienne. 406 employés avaient ainsi été remerciés à distance via la plateforme Zoom dans une mise en scène «digne d’un épisode de Black Mirror». Pour renflouer ses caisses, devant une réalité économique déjà difficile à surmonter, Bird avait bouclé en octobre dernier un tour de table de 275 millions de dollars. Une opération permettant notamment de colmater les brèches financières engendrées par des pertes d’exploitation colossales. The Information avait d’ailleurs révélé que l’entreprise américaine avait perdu près de 100 millions de dollars rien qu’au premier trimestre 2019.

Pour modifier l’équation, Bird a fait évoluer son modèle économique l’an passé en se lançant dans la location longue durée et la vente de trottinettes électriques. Dans le même temps, la société a également augmenté le prix de ses trajets dans plusieurs villes. La plupart de ces ingrédients ont été repris par Lime pour se rapprocher de la rentabilité. Cette dernière paraît plus lointaine que jamais alors que les deux anciennes étoiles montantes de la micro-mobilité semblent désormais au bord du gouffre, bien loin de leur ascension fulgurante pour déployer leurs trottinettes électriques dans plus d’une centaine de villes à travers le monde, et ainsi devenir le leader absolu du marché.

La situation n’est toutefois pas si différente pour les entreprises susceptibles de les sauver, à l’image d’Uber. Si la plateforme de VTC s’est positionnée pour venir en aide à Lime dans cette période difficile, elle se retrouve elle-même dans une situation délicate avec des trajets en chute libre. Dans ce contexte, l’état-major d’Uber réfléchirait même à supprimer 20% de ses effectifs, soit près de 5 400 collaborateurs sur les 27 000 que compte le groupe à travers le monde. En 2019, Uber avait déjà procédé à trois vagues de licenciements qui s’étaient soldées par le renvoi de plus de 1 000 personnes, dont 70% étaient basés aux États-Unis et au Canada. Lyft, le rival d’Uber aux États-Unis, n’est pas en meilleure posture puisqu’il a mis en place un plan de restructuration visant à se séparer de 17% de ses effectifs, soit près de 1 000 employés, pour amortir la forte baisse des trajets, et donc des revenus, engendrée par la crise du coronavirus. Compte tenu de la gravité de la situation actuelle, un effet domino n’est pas à exclure pour les plateformes de mobilité urbaine…

Lire aussi : 300 millions de dollars de pertes pour Lime en 2019

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