Orange Ventures lance un fonds de 350 millions d’euros
En ce début d’année, Orange veut donner une nouvelle impulsion à son pôle d’investissement dans les start-up. Dans ce sens, Orange Digital Ventures devient Orange Ventures et se dote d’une enveloppe de 350 millions d’euros pour investir dans des entreprises technologiques évoluant dans les secteurs de la connectivité, de la cybersécurité, des services financiers, de la santé ou encore de l’éducation.
Alors qu’il était jusque-là cantonné à l’amorçage, le fonds d’investissement de l’opérateur français veut faire évoluer son spectre d’action jusqu’aux sociétés plus matures en Europe et aux États-Unis. La structure entend également rayonner sur l’Afrique et le Moyen-Orient, deux régions historiques où le groupe est opérationnel. Dans le cadre de ses investissements, Orange Ventures prévoit d’injecter des tickets allant jusqu’à 20 millions d’euros par opération.
A titre de comparaison, 20 millions d’euros, c’était l’enveloppe totale du fonds, avec des tickets entre 500 000 et 3 millions d’euros, pour sa première année d’exploitation en 2015. A l’époque, la création d’Orange Digital Ventures venait compléter une démarche d’open innovation qui s’était notamment matérialisée par la création d’Orange Fab, un programme d’accélération né dans la Silicon Valley en 2013.
Une vitrine de l’innovation «made in Orange»
Pour Orange, ces investissements représentent une opportunité pour entrer au capital de start-up prometteuses, à l’image de Luko (50 millions d’euros levés en décembre 2020) sur le segment de l’assurance-habitation. Ce fonds permet également au groupe français dirigé par Stéphane Richard de disposer d’une vitrine d’innovation axée sur les start-up. «Notre souhait est de constituer une organisation qui allie le meilleur des deux mondes : les expertises métier d’Orange ainsi que l’agilité de décision et la qualité du suivi financier des meilleurs gestionnaires de capital-risque. Nous accompagnons étroitement post-investissement chaque start-up afin de contribuer à son développement et de faciliter son accès direct et structuré à l’écosystème Orange chaque fois que cela est pertinent», explique Jérôme Berger, président et Managing Partner d’Orange Ventures.
En parallèle de l’accompagnement de start-up, Orange a mis en œuvre ces dernières années une stratégie d’innovation interne, avec une offensive dans le segment B2B, et notamment la cybersécurité, et deux projets relativement éloignés de son cœur d’activité, à savoir la néobanque Orange Bank et l’enceinte connectée Djingo. Lancée en 2017 avec plusieurs mois de retard, en raison de bugs de l’application mobile, la banque en ligne Orange Bank a conquis un peu plus de 500 000 clients en deux ans, alors qu’elle en attendait 400 000 dès sa première année d’exploitation. Elle en revendique désormais plus d’un million. Quant à Djingo, Orange a décidé d’arrêter les frais l’an passé moins d’un an après le lancement de l’enceinte connectée du groupe, qui n’est jamais parvenue à se faire une place face à Google et Amazon, dont les enceintes intelligentes dominent aujourd’hui outrageusement le marché.
Pour autant, l’essentiel est ailleurs pour l’opérateur français qui revendique 256 millions de clients dans le monde. «Ce que nous a montré l’émergence des GAFA, et en particulier Amazon, c’est qu’en réalité ils ont reconstruit des conglomérats multi-activités. On ne sait plus très bien dans leur écosystème quel est leur élément clé», nous expliquait l’an passé Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC Orange. Et d’ajouter : «Ce qu’est en train de faire Orange, c’est de passer du statut d’opérateur télécoms à celui d’opérateur numérique.»