En pleine tourmente à cause du coronavirus, la licorne indienne Oyo obtient 807 millions de dollars
En pleine tempête à cause de l’épidémie de coronavirus Covid-19, Oyo s’offre une bouffée d’oxygène avec un financement de 807 millions de dollars perçu par Oravel Stays, sa maison-mère. Selon les documents consultés par le cabinet Tofler, la société indienne, qui a développé un réseau d’hôtels bon marché en Asie, a attribué un total de 15 325 actions privilégiées cumulatives convertibles, à 52 643 dollars l’unité.
SoftBank, via son méga-fonds Vision Fund, a versé environ 507 millions de dollars, tandis que RA Hospitality Holdings, le véhicule d’investissement de Ritesh Agarwal, le fondateur et patron d’Oyo, a injecté 300 millions de dollars dans le cadre de cette opération. Celle-ci octroie une participation de 50,6% dans Oyo à SoftBank et de 25,87% à Ritesh Agarwal. Selon Entrackr, ce financement permet à la licorne indienne d’atteindre une valorisation de 7,7 milliards de dollars.
5 000 emplois supprimés
Cette opération s’inscrit dans le cadre de la série F en cours de 1,5 milliard de dollars, annoncée par Oyo en octobre dernier. A cette occasion, Ritesh Agarwal avait indiqué qu’il investirait à lui seul 700 millions de dollars dans son entreprise, sous la forme d’achat d’actions, pour augmenter sa part au capital d’Oyo. Les 800 millions de dollars restants doivent provenir de SoftBank et d’autres actionnaires historiques, comme Sequoia Capital. A l’issue de l’opération, la société pourrait être valorisée à hauteur de 10 milliards de dollars.
Si au départ l’annonce de cet investissement conséquent devait permettre à licorne indienne de gagner du terrain en Europe et aux États-Unis, la réalité devrait être bien différente cette année. Et pour cause, l’épidémie de coronavirus Covid-19 a contraint les acteurs de l’hôtellerie et du voyage à revoir leurs plans pour ne pas sombrer. Ainsi, Oyo est en passe de supprimer 5 000 emplois, soit une réduction de 17% des effectifs sur les 30 000 collaborateurs que compte l’entreprise à travers le monde. Cette coupe dans les effectifs concerne principalement la Chine, où l’entreprise prévoit de supprimer la moitié de ses 6 000 salariés à temps plein. Avant l’épidémie, il était déjà prévu de supprimer environ 5% des emplois en Chine. Cette vague de licenciements concerne également les États-Unis et l’Inde, le marché domestique d’Oyo.
Un destin similaire à celui de WeWork ?
De plus, la rentabilité n’est pas encore à l’ordre du jour, et ses pertes se font de plus en plus lourdes. Lors de son exercice fiscal clôturé en mars 2019, Oyo a en effet concédé une perte nette de 335 millions de dollars, contre 52 millions un an plus tôt, la faute à une expansion à l’international gourmand en cash. Car si les revenus se sont envolés dans le même temps pour atteindre 951 millions de dollars, contre 211 millions lors de l’exercice précédent, cela ne suffit pas pour financer l’hypercroissance de la licorne indienne. Une trajectoire qui rappelle celle d’une autre ancienne pépite de SoftBank : WeWork. Mais avec la restructuration d’Oyo et ce financement de 807 millions de dollars, le géant japonais espère ne pas revivre avec la licorne indienne le fiasco vécu par le spécialiste américain du coworking.
Les déboires d’Oyo sont également une mauvaise nouvelle pour Airbnb, qui a investi dans la start-up indienne l’an passé pour s’étendre en Asie. Or la plateforme américaine a concédé de lourdes pertes en 2019 et s’attend à une année 2020 très compliquée à cause de l’épidémie de coronavirus Covid-19. En Chine, où l’épidémie est née, la situation est critique pour l’entreprise californienne dans la mesure où les réservations prévues pour février et mars ont baissé de plus de 90% par rapport à l’année précédente. Cette situation devrait amener Airbnb à repousser son entrée en Bourse à 2021.
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