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[DECODE] Deux ans après son ouverture, quel bilan pour Station F ?

C’était déjà il y a deux ans. Le 29 juin 2017, Emmanuel Macron, le président de la République, inaugurait en grande pompe Station F, campus XXL de start-up présenté comme le plus grand incubateur du genre au monde, en présence d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, et du gratin de la Tech française, avec Xavier Niel, initiateur du projet dans lequel il a investi 250 millions d’euros, comme figure de proue.

Après une année de lancement lors de laquelle la structure dirigée par Roxanne Varza a procédé à de nombreux ajustements pour répondre aux attentes et aux besoins des entrepreneurs, le campus géant parisien, en mesure d’accueillir 1 000 start-up, prend progressivement son rythme de croisière. Érigé comme le symbole de la French Tech à l’international, Station F est-il aujourd’hui une référence dans l’accompagnement de start-up «made in France» ?

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Sur les 34 000 mètres carrés sur lesquels s’étend l’ancienne Halle Freyssinet, Station F propose pléthore d’espaces et de services pour simplifier le quotidien des entrepreneurs. Ces derniers ont accès à plus de 3 000 postes de travail, 60 salles de réunion, un fablab, un pop-up store, un bureau de poste, un auditorium ou encore 8 espaces dédiés à l’événementiel. Les coûts de fonctionnement de l’incubateur sont estimés entre 7 et 8 millions d’euros par an, mais Xavier Niel a souligné que l’ambition de Station F n’était pas d’être rentable à tout prix, mais plutôt d’épauler l’écosystème français.

La «Create Zone» réservée aux start-up résidentes de Station F. Crédit : Patrick Tourneboeuf.

3 grands espaces pour stimuler l’innovation 

Le campus parisien est découpé en trois grands espaces. Tout d’abord, il y a la «Share Zone» qui est un grand lieu de rassemblement pour l’écosystème français avec son lot d’événements et de cocktail de networking afin de favoriser les interactions entre acteurs français et internationaux, et ainsi nourrir l’inspiration des entrepreneurs. 

A l’autre extrémité de Station F, l’heure est à la détente dans la «Chill Zone». Et pour cause, l’incubateur géant de Xavier Niel héberge La Felicità, l’un des plus grands restaurants d’Europe qui s’étable sur 4 500 mètres carrés pour accueillir 1 500 personnes assises et assurer jusqu’à 4 500 couverts par jour. Derrière ce restaurant XXL regroupant cinq cuisines et trois bars, on retrouve le groupe Big Mamma, lancé par Victor Lugger et Tigrane Seydoux, qui a ouvert plusieurs restaurants italiens dans la capitale au cours de ces dernières années. 

Si les deux extrémités du bâtiment sont des ouvertures sur le monde, le coeur entrepreneurial et technologique de Station F bat au centre de l’édifice dans un vaste espace où les développeurs développent leur projet sous l’oeil des investisseurs (Kima Ventures, Daphni, Alven, ISAI, Elaia, Balderton Capital, Axeleo, Idinvest…) présents sur le campus. Au coeur de l’immense «Tour Eiffel couchée» (310 mètres de long), la «Create Zone» est le réacteur de Station F. Il s’agit de l’endroit réservé aux start-up résidentes qui sont accompagnées par les différents programmes proposés par l’incubateur et ses partenaires. A ce jour, les start-up françaises et internationales peuvent postuler pour rejoindre une trentaine de programmes d’accompagnement parmi ceux proposés par Facebook, Microsoft, TF1, LVMH ou encore L’Oréal.

Station F, vitrine des GAFAM et des grands groupes français 

Si la présence de grands groupes est évidemment une aubaine pour les jeunes pousses incubées à Station F, avoir son espace dans le campus parisien, c’est aussi l’occasion pour ces géants de soigner leur image et de renforcer encore un peu plus leur domination sur la scène mondiale. C’est simple, à l’exception d’Apple, qui se plaît à cultiver le mythe du mystère, tous les GAFAM sont présents à Station F. Au sein du campus parisien, Facebook a ainsi lancé son «Startup Garage», Microsoft a déployé le programme «AI Factory» dédié à l’intelligence artificielle, Amazon dispose d’un espace pour sa filiale d’hébergement en ligne Amazon Web Services (AWS) et Google propose aux entrepreneurs des conférences, des ateliers pratiques et des rendez-vous individuels pour les conseiller sur leur stratégie et les former aux outils numériques. 

Concernant les programmes d’accompagnement de start-up mis en place à Station F par les GAFAM, Facebook et Microsoft ont à deux épaulé 60 start-up à Station F. Dans son «Startup Garage», la firme de Mark Zuckerberg a orienté son programme de six mois vers l’usage et la protection de données, un choix sans doute renforcé par la pluie de scandales qui s’est abattue sur Facebook au cours de ces deux dernières années, avec l’affaire Cambridge Analytica en guise de détonateur. Depuis l’ouverture du «Startup Garage» à Station F, Facebook a accompagné 33 start-up, dont Alan, qui a levé 12 millions d’euros en 2016, 23 millions en 2018 et 40 millions en début d’année, Goshaba, qui vient de boucler un tour de table de 2 millions d’euros, ou encore RogerVoice.

Chez Microsoft, l’accent est mis sur l’intelligence artificielle. Et pour faire émerger des champions du secteur, la firme américaine a créé le programme «AI Factory», en partenariat avec l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria). Moins de deux ans après son lancement, le dispositif a permis de soutenir 27 jeunes pousses françaises. Parmi elles, on retrouve notamment AB Tasty, Deepomatic, qui a levé 6,2 millions de dollars en février pour sa technologie de reconnaissance visuelle appliquée à des projets industriels, et Tilkee, start-up lyonnaise qui développe un outil d’optimisation de la prospection commerciale. 

Bernard Arnault, PDG de LVMH, Xavier Niel, fondateur de Station F, et Ian Rogers, Chief Digital Officer de LVMH, pour le lancement du programme d’accélération du groupe LVMH à Station F. Crédit : Joseph Postec – Decode Media.

TF1, BNP Paribas, LVMH… : ces géants contraints d’innover 

Si les GAFAM occupent devant la scène à Station F pour redorer leur blason après des derniers mois compliqués, marqués principalement par un traitement abusif ou défaillant des données personnelles chez Facebook et Google, les grands groupes français ne sont pas en reste sur le campus parisien. Car avoir un espace à Station F, c’est montrer à ses actionnaires et à ses consommateurs que l’on est à la pointe de l’innovation. Il s’agit évidemment d’un argument marketing, même s’il ne faut pas sous-estimer l’apport de ces start-up pour ces groupes qui ont parfois plusieurs décennies d’existence et autant de processus ralentissant leur fonctionnement.

Dans ce cadre, plusieurs fleurons français ont posé leurs valises à Station F, en quête d’inspiration pour se réinventer. TF1 a ainsi lancé en janvier 2018 son Media Lab pour expérimenter des solutions et des services destinés à permettre au groupe audiovisuel de faire face à un environnement toujours plus concurrentiel et des usages en pleine mutation, avec une forte hausse de la consommation de contenus vidéo sur mobile. Dans le même temps, BNP Paribas s’appuie sur l’accélérateur californien Plug and Play pour travailler pendant trois mois avec des start-up afin de développer des solutions qui permettront au groupe bancaire d’innover dans un secteur en pleine ébullition, marqué par l’envol de nombreuses FinTech, au premier rang desquels on retrouve des néobanques comme N26 et Revolut qui défient les banques historiques dans leur coeur de métier. Preuve de l’attractivité de Station F, même le groupe LVMH, numéro un mondial du luxe, a fait son entrée dans le campus parisien l’an passé. Et le groupe français n’a pas fait les choses à moitié dans l’incubateur de Xavier Niel en s’offrant un espace de 220 mètres carrés pour accueillir chaque année 50 start-up internationales en deux promotions de six mois.

1 013 start-up actuellement à Station F

Au bout d’un an d’existence, Station F avait indiqué avoir accueilli 1 034 start-up depuis son ouverture et reçu 11 271 candidatures pour rejoindre l’un des programmes d’accélération du méga-campus. Au moment de souffler sa deuxième bougie, l’incubateur de Xavier Niel a dévoilé de nouveaux chiffres pour confirmer son envol sur la scène Tech française et mondiale. 

Au cours d’une conférence de presse, Roxanne Varza a ainsi annoncé que 1 013 start-up sont actuellement présentes sur le campus. Sur l’ensemble de l’année, ce sont au total 1 217 jeunes pousses qui ont été accompagnées dans les murs de Station F. Après la France, les pays les plus représentés dans l’incubateur sont les États-Unis, la Chine, le Maroc, la Tunisie et la Corée du Sud. Au cours de sa deuxième année, Station F a également vu ses start-up lever 317 millions de dollars, contre 250 millions de dollars lors de l’année de lancement. Les secteurs les plus représentés à Station F sont le B2B SaaS, l’intelligence artificielle, l’e-commerce, l’EdTech et la BioTech/MedTech.

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